mardi 13 septembre 2016

CHAÎNE DE MONTAGE DE POÉSIE MECANIQUE

129

Adieu Pocahontas
Ou quel que soit ton nom
Tu es le dieu limace
Que coupe mon canif
L'anguille des Sargasses
Qui prend l'apéritif

Adieu Hammourabi
Ou quel que soit ton prix
Tu es le ridicule
Qui me prit mon zizi
Pour en faire spatule
En remuas-tu qui ?

130

Le ciel tournait tisane
Et nous étions debout
Sous le crachin mouillant
Puis il plut tant que tant

Je suis devenu fou
Le trottoir était blanc
Les gens hurlaient de rire
Moi je craignais le pire
Et j'ai vu l'avenir

Le sol sera potage
Les chaussures de plage
Ventouseront dedans

La pluie mettra des claques
Adieu la course en sac
Monsieur le président

Tomberont des matraques
Comme des oeufs de Pâques
Sur les petits enfants

131

L'aube est incomprise
La pluie magnétise
Le brouillard blanc

L'aube est indécise
La chaleur attise
Le goût du sang

L'aube est imprécise
Et la ville est prise
Par des brigands

132

Il était pointu
Effilé des tresses
Mais large des fesses
Au niveau du cul

133

Il aimait les glaces
Et les confettis
La mer des Sargasses
La Poméranie

Il aimait Madras
Et Pondichéry
La mer des Antilles
Pas la camomille

Un peu l'Italie
Beaucoup la vinasse
Lorsqu'il but la tasse
L'océan le prit

Soudain il s'efface
Dessous la surface
Et coule impavide
Dans la mer livide

Un mirage passe
C'était l'Atlantide
Et pas une ride
Ne rida sa face

134

Je suis la mort certaine
A la grosse bedaine
Et mon train électrique
Fait tchou tchou et clic clic

A la fête foraine
La chanson est ancienne
Et un peu mécanique
Le manège a des tics

Et le croquemitaine
Sur sa chaise électrique
Fait des bruits esthétiques
Des glouglous de fontaine

135

L'écume à son bateau
Lui coulait dans l'étrave
Comme morve à son nez
Comme bave étoilée

Et les marins pêchaient
Comme on chausse un sabot
Mille poissons d'opium
Sachets d'aluminium

L'écume est un Charlot
Moulinant de la canne
Et les moulinets tannent
Le cuir posé sur l'eau

136

Il frappe à la porte
Je zyeute à l’œillet
Sa chandelle est morte
Et il dit : « Ayé ! »
Refoulant du short
Exhalant du nez
Son haleine aillée

137

Ce dont je ne peux puisque
A compter de pourquoi ?
D'où quiconque dès lorsque
Parce que c'était moi ?

138

Qui médusa l'oracle
Osa le chloroforme
Et imbiba la forme
Calice et tabernacle

Il fuma de l'encens
Dans la pipe de nuit
Le sanctuaire était cuit
Comme un boudin de sang

Qui découpa l'envers
Selon les pointillés
Détoura le saint suaire
De ce qui s'y voyait

Et en but le serment
Comme on vide un godet
Et cul sec au taquet
Rendit grâce à Satan

139

J'ai rendez-vous avec un quoi
Avec un que avec monsieur
Monsieur de quoi ?
Monsieur sans voix
Monsieur sans yeux
Monsieur sans queue

J'ai rendez-vous oui mais pourquoi ?
Mieux vaut rien que je ne sais quoi
Mieux vaut un tiens
Qu'un tu l'auras
Mieux vaut le pain
Que mort aux rats

140

Le roi eut sa turlute
Et le tuba eut sa clef d'ut
Le bois faisait un cercle

Dans le cercle une hutte
De sa cheminée des volutes
Qui la sorcière encerclent

Le roi voulait sa tête
Son tibia pour faire sifflette
Elle entra dans l'orchestre

Alors elle fut flûte
Joua même du luth
Comme d'une éprouvette

Le roi eut sa turlute
Et le tuba eut sa clef d'ut
L'orchestre fit couvercle

141

Courage Maxence
Tenez bien le pont
Je lave l'offense
De mes paturons

Avec du courage
On fait du boudin
Mais pour l'escarpin
Il faut du cirage

Avec du cirage
On fait que ça brille
Mais les espadrilles
C'est mieux pour l'orage

Courage Maxence
Brillez en mon nom
Moi je brille à fond
De par mon absence

142
Bien sûr je suis verni
Comme botte de bal
Comme tranche de pain
Qu'on tartine au matin
Comme poisson dans l'huile
De la très sainte ampoule
Ou comme coque ou moule
Sous la gouache futile

Bien sûr je suis poli
Comme galet qui roule
Comme prune qui saoule
Et trouble l'eau de vie
Confit dans mon absence
Comme un masque discret
Fardé comme un reflet
Poudré de transparence

143
Marelle

Pas la pomme
L'homme l'homme
Pas de drame
Femme femme
Le serpent
Pan pan
Et la chute
Chut chut
Au jardin
D'Eden
On est bien
Dedans
Dieu est dingue
Ding dong
Dieu est kong
King Kong

144

Donne-moi la lune
Pour que je m'achève
Ma chandelle est une
Je n'ai plus de fièvre

Donne-moi le cube
Soigne ta salive
Le temps que t'arrives
Ma fièvre s'incube

Donne-moi calèche
Et fusée qui fuse
Je n'ai plus de muse
Ma chandelle est sèche

Donne-moi la lune
Et son thermomètre
Planté dans sa lune
En guise de sceptre

145

Mieux qu'au vitrier
Sied au destrier
La selle en vitrail
Et son cavalier

Bel épouvantail
De cape et d'épée
Ses dents sont d'émail
Sa peau galetée

Et sur son poitrail
Darde l'argenté
De lourdes médailles
En acier trempé
Sa robe de braille
Tout d'un jaune paille
Sied au destrier
Mieux qu'au vitrier

146

Dans l'eau enfoncée
Comme un sot piquet
Nage la naïade
Au lagon bleuté
Piquée dans la viande
De l'océan clair
Elle brille et diamande
Et fait des lumières
Avant de rôtir
Sous le soleil nu
Comme un morceau cru
Longtemps mariné
147

Bonjour sac à flasque
Pelote qui basque
A mes flancs mouillés
Bonjour bergamasque
Pelote de masque
Qui dégoulinait


149

Peau comme du lait
Comme peau sur le lait
Dans le pot sur le feu
Cru
Puis cramé

Et des yeux qui surnagent
Comme dans le potage
Genre portrait en creux
Du
Pot-au-feu

150
Cartouche à la taille
Et taille de mouche
A défaut de guêpe

Il tremble des guêtres
Il mesure un mètre
Et en plus il louche

C'est le scaramouche
Qui pue des babouches
Et sent de la bouche
151

Madame Ecrevisse
A les bas qui glissent
Monsieur Bigorneau
Lui tond sur le dos
La laine qu'Hélène
Filera tantôt
Madame Ecrevisse
Est une brebisse
En robe qui plisse
Avec un bonnet
Monsieur un benêt
Qui croit être Ulysse
Ou bien Ménélas
Quand il n'est hélas
Qu'un simple berger

Et la belle Hélène
Brode à la fontaine
Des manteaux de peau
Pour les animaux
Et chacun s'ébroue
Dans l'alpage flou
Quand lève la brume
Que la rosée fume
Et que tout est beau
152
De retour sur la Lune
Il retrouva son clair
De Terre comme thune
Rond comme un rond derrière

De retour sur la Lune
Il retrouva sa face
Mordue comme la prune
Par les dents l'univers

153
La belle est à sa mouche
Et la pelle à sa louche
Comme colle à la souche
L'arbre

Le turban au sultan
Lui colle comme un gant
Et tout va s'achevant
Barbe
Dans la harem il pleut
La belle clôt ses yeux
Reste à jamais de
Marbre
154
Je pose l'enclume
Qui me pesait lourd
Me sens comme plume
J'ôte le bouchon
Qui me rendait sourd
Au chant de l'amour
Fais sauter la cloche
Comme le couvercle
Qui fermait le cercle
Adieu la vie croche
La route en bitume
J'ai vidé mes poches
Et jeté l'enclume
Dedans l'eau qui fume
Adieu boulet moche

155

Adieu ma bayadère
Qui bêchait les parterres
Et filait dans le vent
Comme on file le verre
Adieu ma jardinière
Et ses linéaments
Qui rampaient dans son gant
Comme des vers de terre
Adieu, tout est néant
La terre est transparente
Le souvenir me hante
De toi que j'aimais tant
156
La poterie est creuse
La terre est malheureuse
Et son eau mystérieuse

Une main saisit l'anse
Se la verse où je pense
Ça a des conséquences

La poterie est vide
La victime est livide
La morale est limpide
157
La branche ploie sous l'oie
L'eau pèse dessous l'huile
J'ai oublié mes piles

L'arbre croise les doigts
Chacun son volatile
C'est toi l'oiseau de proie
158

Le barbare n'est pas celui qu'on croit
C'est d'abord un arpette
Dont les os blanchis pètent
Dans l'étui du carquois

Le barbare n'est pas celui qu'on croit
Pas celui qu'on mérite
C'est surtout un bleu-bite
Dont la bite est en bois
Le barbare n'est pas celui qu'on croit
N'est pas celui qu'on voit
Sa silhouette poudroie
Et s'estompe du doigt

159

Qui grésille du nez ?
Est-ce le pinocchio
On mouline des pieds
Dedans le fromaggio

Est-ce un masque italien
Un tatouage ou plus rien ?
On s'est d'un coup le nez
Sur la vitre pété

160
Moi je dis pourquoi pas ?
Ce serait un honneur
Rappelle moi l'endroit ?
C'est noté pour de bon
J'y serai pile à l'heure
Rappelle moi ton nom ?
J'apporterai des fleurs
Et du vin de saison
J'ai perdu la raison

J'apporterai des fleurs
Un sabre pour du beurre
Sabrerai le bouchon

On boira comme trous
Et ce jusqu'à pas d'heure
Jusqu'à devenir fous
Moi je dis pourquoi pas ?
Ce serait un honneur
Rappelle moi ton nom ?
161

L'étroit détroit s'étire
Et fait un filament
Le soleil est la mire
Et la flèche est dedans

Quelqu'un pose l'applique
Sans me dire son nom

Et tire l'élastique
Du fil de l'horizon   

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