A
parjure au regard foudroyant
Oppose
un geste tempérant
Lissant
sa figure
Ouvrant
dans sa joue le chemin velu
Qui
tresse ses dents.
***
Les
froides damettes
En cercles fermés
Rompent
leur squelette
Comme
pain sacré
Et
s’offrent la tête
En
guise de pied
Rongeant
l’orteil blet
Et
l’ongle bleuté.
***
Carvaillan
arriva en ville
Et
s’englua dans les plaques de fils
S’emberlificotant
S’emmêlant
patiemment
Jusqu’à
ne plus former
Qu’un
atroce plumet
En
pinceaux rissolés.
***
Les
altérophiles portent la culotte et la déshabillent
Rompant
l'eau des sceaux
Brisant
le carreau
De
leur flaque d'os.
Au
dernier lever, la chair se dessille
Et
fend de son cœur
La
flèche qui saigne
Au
flanc qui la baigne.
***
Dans
la guérite enflammée
Sous
toit plombé
Les
soldats se cirrhosent
De
fil en cellulose.
***
C'est
la nuit
Un
gros bonnet d'orfaie vient calotter la chouette
Tout
collé sur les tempes
Et
ses yeux en soucoupe ont tourné dans sa tête
Comme
des lampes
***
Jamais
s'asseoir jamais pleuvoir
Attendre
au fond de l'arrosoir
Tout
droit dressé
Comme
un pommier
Enrubanné
Le
déversoir.
***
Les
sacs à papier
Gorgés
de frelons
Sont
des vœux blessés
Froissés
de pardons
Et
la mer notoire
Roulant
ses affronts
Claque
ses armoires
Contre
les grands fonds
Grisant
le miroir
Noyant
le bourdon
Qui
maudit son nom
Dans
l'eau de sa moire.
***
Les
allemands forts et venus longtemps
S'en
sont retournés dans le soir clinquant
En
se démêlant comme fleurs de sang
Sous
le doigt charnu du soleil violent.
***
Mon
satan de paille
Mon
amiral clos, ma cloche à vitrail:
Ton
paquet de nerfs cogne dans la salle
Devant
les yeux bleus des cardinaux mous.
***
Monsieur
Quatorze a des ennuis
Par
guirlandes sur sa couronne
Se
déversant comme en automne
Les
feuilles mortes sans faux pli.
***
A
genoux sur la treille où l'écorce
Rugit
Porte
un sceau aux oreilles que force
Un
bruit
Les
clameurs en papiers
Froissées
Se
décalquent à l'heure
Fanées
***
Dés
que l'aube assassine le champ
Un
cerf noble et ramifié
Boit
le reflet de forêt
Dans
la flaque où s'éteint le croissant.
***
Asticot
d'intérieur
A
la tête en ciment
Aux
anneaux alliants
Sur
les doigts du dedans.
***
Madame
Aplouse est venue tard
Par
l'allée vide et le bois neuf
Donner
du pain pour les canards
Et
se souvenir de son veuf.
***
Descends
dans les palmes au fond
Sous
l'ongle des moignons
Sous
l'os en opercule
Qu'on
décapsule.
***
Les
alvéoles du dedans
Sont
des cœurs francs
Qu'on
auréole de présents
De
cadeaux blancs
Les
auréoles du dehors
Sont
des poids morts
Qu'on
enlinceule sans savoir
De
maillots noirs.
***
En
gesticulant
On
perd un temps fou
On
compte ses dents
Quand
on devient fou
***
Dans
le creux des champs creux où s'emplissent les auges
Batifole
la vache et ses pis ramifiés
Tanguent
dans l'air pluvieux comme tuyaux crevés
Caressant
les gazons que constelle la sauge.
***
A
la table aux noyés
On
boit de l'eau de mer
Dans
des verres de fer
Puis
on jette l'eau noire
Dans
son gosier éteint
On
s'avale les mains
Puis
on les régurgite
Constellées
de pépites
Et
de diamants nains.
***
Dans
sa sacoche
Il
y a son cœur
Dans
sa sacoche
Dans
sa sacoche
Il
y a un piège
Dans
sa sacoche
Son
pauvre cœur
Porte
une encoche
Dans
sa sacoche.
***
Les
armes ont parlé
Et
les canons tonné
Et
dans ce bavardage
Aux
allures d'orage
A
volé un boulet.
***
Les
aviateurs ont aviaté
La
Traviata s'est traviatée
Et
la trachée tranchée cracha
Sa
salve de crevette hachée.
***
J'ai
plu tant que j'ai pu
Malgré
mon front grêlé
Et
mon teint blanc de neige
J'ai
eu plus d'un ami
Et
plus d'un parapluie
M'a
caché le visage
Mon
visage de neige
Où
mes yeux bleus de pluie
Tournaient
comme au manège
Sous
les intempéries.
***
César
mange un cadavre en plomb
Et
chie de l'or
Oscar
mange un sac de nichons
Et
bave au mors
Tandis
que Balthazar
S'enfile
un saucisson
De
cochon mort.
***
Les
aléoutiennes
Crèvent
l'Océan
De
mille persiennes
De
pavillons blancs
Et
ton bateau mou
Les
frôle en bavant
Dans
l'eau fait un trou
Et
coule en sifflant
Ton
pavillon noir
Croit
faire des siennes
Mais
coule sans voir
Les
Aléoutiennes
***
Scandale
Madame
Pingo
A
un lumbago
Monsieur
Tabaga
A
cassé son bras
Et
Miss Tallebot
S'est
mordu le dos!
***
Toinette
ange à lolos
Qui
tripote mes grelots
Bouche
d'or et ventre chaud
Que
perce mon sabre en peau
J'embrasse
tes bibelots
Et
m'efface en ton berceau.
***
Les
caramels mous
Sont
de gros crapauds
Et
les sucres d'orge
Sont
de fiers roseaux
Dans
le lac gelé
Tout
confituré.
***
La
rime la rime
Il
n'y a pas que
La
rime la rime
Sacré
nom de Dieu
Ah!
Et
le rythme alors
C'est
affaire de
Rime?
Ah bon alors
Vraiment
j'aime mieux
Ça!
***
C'est
un poème nul
Farcis
de vers modules
Qui
font des rimes-bulles
(Exemple:
libellule)
Qu'on
oublie, ou qu'on brûle
Ou
qu'on décapsule.